Après des mois d’attente et de silence, les travailleurs des médias fermés en Guinée ont décidé de faire entendre leurs voix. Réduits au chômage forcé, ces pères et mères de famille racontent une réalité douloureuse sur la perte de leurs emplois qui a brisé leur dignité, et les conséquences sociales et économiques sont catastrophiques.
Le Syndicat des Professionnels de la Presse de Guinée (SPPG) a entamé cette semaine une série de témoignages pour mettre en lumière les souffrances de ces innocents frappés de plein fouet par une décision d’État qu’ils ne comprennent toujours pas. Voici l’histoire poignante de Djibril Kaback Camara, ancien employé du groupe HADAFO Médias.
“Mon droit au travail et à la dignité a été brisé”
Djibril commence son récit avec une douleur palpable.
« Je suis en chômage forcé, sans jamais avoir compris pourquoi. Je n’ai rien volé, rien abandonné, rien trahi. Ce jour-là, le directeur des ressources humaines nous a simplement annoncé que l’entreprise était interdite de fonctionner. Aucun motif clair, juste un ordre de l’État. Depuis, ma vie a basculé. »
Privé de son emploi, Djibril lutte désormais pour survivre. Chaque jour est une épreuve.
« Je n’arrive pas à nourrir mes enfants, à payer leurs frais de scolarité. Quand la maladie frappe, je suis impuissant. Les factures s’accumulent, et mon loyer menace d’être résilié. En tant que père, c’est une douleur indescriptible de voir sa famille manquer du nécessaire. »
Malgré ses efforts pour retrouver du travail, Djibril se heurte à un mur.
« On me perçoit comme un membre d’une équipe bannie, un ennemi de l’État. Pourtant, je ne suis qu’un travailleur qui aspire à vivre dignement. Je demande simplement le droit de subvenir aux besoins de ma famille. »
“Tous les Guinéens sont égaux en droits, mais…”
Djibril dénonce l’hypocrisie d’un système où la promesse d’égalité n’est qu’un mirage.
« L’article 1 de notre Constitution proclame que tous les Guinéens sont égaux en droits. Mais cette promesse semble ne concerner que ceux qui aspirent au pouvoir. Moi, je n’ai jamais cherché le pouvoir. J’ai seulement voulu faire mon travail honnêtement et offrir un avenir à mes enfants. »
Face à cette injustice, il se sent oublié, mais pas résigné.
« Mon silence n’est pas un consentement. Ma douleur, c’est celle de milliers d’autres voix qu’on refuse d’entendre. Personne ne mérite de perdre son travail, sa dignité et son espoir sans raison. »
Un appel à la justice et à la reconnaissance des métiers
Pour Djibril, chaque profession a une mission essentielle.
« Les médecins soignent, les policiers protègent, les avocats défendent la justice. La presse, elle, informe, éclaire, et relie le peuple à la vérité. Lorsque chaque métier accomplit sa mission avec intégrité, la société prospère. Mais priver des journalistes de leur droit au travail, c’est priver la nation d’une vérité indispensable. »
Priver les journalistes de leur liberté, c’est également attaquer la liberté de la presse en Guinée, un pilier essentiel pour garantir les droits des professionnels des médias et renforcer la démocratie.
Un cri de détresse qui résonne
Le témoignage de Djibril est le reflet de la détresse de milliers de travailleurs des médias fermés en Guinée. Privés de leurs droits sans explication, ils appellent à une véritable justice sociale et à la reconnaissance de leur rôle fondamental dans la construction d’une démocratie saine.
La question reste posée : quand ces voix brisées retrouveront-elles enfin leur dignité et leur droit au travail ?