À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée ce samedi 3 mai 2025 à la Maison de la Presse de Guinée, le Syndicat des Professionnels de la Presse de Guinée (SPPG) a fait une déclaration forte et sans concession à travers son secrétaire général, Sékou Jamal Pendessa.
Plaçant sa réflexion sous le sous-thème national : « Informer dans un pays en transition militaire, l’impact de la fermeture des médias sur les conditions de vie des journalistes et l’avenir du journalisme indépendant en Guinée », le SPPG a dressé un tableau sombre de la situation de la presse dans le pays. Entre retrait d’agréments de radios et télévisions, disparitions de journalistes, suspensions de médias et intimidations diverses, « les professionnels guinéens se demandent réellement ce que sera l’avenir du journalisme indépendant dans notre pays », a déploré Sékou Jamal Pendessa.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon le rapport annuel du SPPG, 70 atteintes graves à la liberté de la presse ont été recensées en 2024, soit une explosion de 204% par rapport à l’année précédente. Sur le plan international, la Guinée a perdu 25 places dans le classement de Reporters sans frontières, passant du 78e au 103e rang mondial, devenant ainsi l’État qui a le plus régressé dans le monde.
Face à cette situation préoccupante, le SPPG a lancé un appel solennel à la « prise de conscience générale et au dialogue sincère » à l’endroit des autorités guinéennes, du patronat de la presse, des acteurs africains et internationaux. Le syndicat rappelle que la liberté de la presse est garantie par de nombreux instruments juridiques internationaux, régionaux et nationaux, citant notamment l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et la Charte de la Transition guinéenne.
Le secrétaire général du SPPG a souligné que si les textes garantissent des droits, les journalistes eux-mêmes doivent respecter les règles d’éthique et de déontologie, notamment la vérification des faits, le recoupement des sources et l’interdiction de toute propagande haineuse.
Dans sa déclaration, le SPPG a formulé plusieurs recommandations précises :
Aux autorités guinéennes : rétablir les médias fermés, publier les conclusions de l’enquête sur la disparition du journaliste Habib Marouane Camara, garantir la sécurité des journalistes, impliquer le syndicat dans les réformes, et augmenter la subvention à la presse en y incluant le SPPG.
À la Haute Autorité de la Communication (HAC) : lever les suspensions frappant Toumany Camara et son site Presse Investigation, et appliquer rigoureusement les textes en matière de diffamation.
Aux patrons de médias : signer la convention collective avec le syndicat et assurer la formation continue des journalistes.
À la communauté internationale : continuer à soutenir la liberté de la presse et appuyer les efforts de médiation initiés par l’ONU en Guinée.
« Sans presse libre, indépendante et pluraliste, il n’y a ni démocratie ni développement économique », a insisté le SPPG, citant la Déclaration de Windhoek de 1991. En ce 3 mai 2025, les journalistes guinéens réaffirment ainsi leur attachement aux principes universels de liberté et de responsabilité.
Fatimatou Diallo pour regardguinee.org