La Chambre de jugement de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) a, une nouvelle fois, prononcé le renvoi de l’affaire opposant le ministère public à l’ancien ministre de l’Éducation nationale, Dr Ibrahima Kourouma, et son co-prévenu Mohamed V Sankhon, ancien cadre de l’administration publique. Poursuivis pour détournement de deniers publics et enrichissement illicite, faits prévus et punis par les articles 764, 765 et 771 du Code pénal guinéen, les prévenus devront patienter jusqu’au 14 mai 2025 pour connaître leur sort juridictionnel.
Initialement inscrit au rôle de l’audience du 6 mai 2025, le délibéré a été rabattu par le président de la chambre, le juge Yagouba Conté, en raison du boycott de l’audience par les conseils de la défense, invoquant des motifs de nature à entraver le bon déroulement du procès. La juridiction a précisé que ce renvoi est indépendant de sa volonté et relève des nécessités de la procédure.
Il est constant de rappeler que lors des débats au fond, le parquet spécial, représenté par le procureur Malick Marcel Qularé, a requis contre les prévenus une peine privative de liberté de cinq (5) ans ferme ainsi que le paiement d’une amende de cinquante (50) milliards de francs guinéens chacun. Le ministère public a également sollicité la confiscation de leurs biens, présents et à venir, conformément aux dispositions relatives à la restitution et à la réparation du préjudice subi par l’État, avec mandat donné à la Direction centrale des investigations douanières et administratives (DOCAD) pour l’identification et la saisie desdits biens.
Il sied de rappeler que Dr Ibrahima Kourouma est sous mandat de dépôt depuis le 21 avril 2022 et est incarcéré à la Maison centrale de Conakry, tandis que Mohamed V Sankhon a, quant à lui, comparu en liberté provisoire.
Ce nouvel ajournement, dans un dossier hautement sensible au regard de l’ampleur des fonds détournés évalués à plus de 612 milliards de francs guinéens et 12 millions de dollars américains, maintient l’attention de l’opinion publique, dans l’attente d’une décision judiciaire qui pourrait faire date dans l’histoire de la lutte contre la corruption en République de Guinée.