La Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) a rendu son verdict le 18 décembre 2024. Dr Mohamed Diané, ancien ministre guinéen de la Défense, a été condamné à cinq ans de prison, assortis d’une amende de cinq milliards de francs guinéens et de 500 milliards GNF de dommages et intérêts pour des faits présumés de détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux.
Dès le lendemain, le collectif d’avocats de Dr Diané a publié un communiqué, qualifiant cette décision de « injuste et inéquitable ». Selon eux, le procès a été entaché de multiples violations des droits de la défense, notamment la non-prise en compte des arguments de leur client. Ils dénoncent une procédure qu’ils considèrent comme une « parodie de justice ».
Les avocats ont également rappelé le non-respect d’une décision de la Cour de Justice de la CEDEAO, qui avait, en octobre 2023, ordonné la libération immédiate de Dr Diané. Malgré cette injonction, les autorités guinéennes ont refusé d’obtempérer, ce qui constitue une violation flagrante des obligations internationales du pays.
Concernant les accusations de détournement de fonds publics, les avocats ont souligné l’absence totale de preuves tangibles. Aucun rapport d’inspection, pièce comptable ou témoignage émanant du pool financier du ministère de la Défense n’a été présenté pour soutenir les accusations.
De plus, l’accusation d’enrichissement illicite a été vivement contestée. Le collectif affirme que certains biens immobiliers attribués à Dr Diané étaient en réalité supposément détenus par des prête-noms, qui n’ont jamais été convoqués pour témoigner. Pire encore, même les biens hérités par leur client ont été inclus dans la confiscation, ce qui constitue, selon eux, une grave injustice.
Les avocats ont également dénoncé le fait que les déclarations de patrimoine effectuées par leur client lorsqu’il était Directeur de cabinet et ministre n’ont pas été prises en compte, une omission qui viole les principes du contradictoire.
Pour le collectif, cette condamnation est le résultat d’un procès politique expéditif, reflétant une volonté de répression plutôt qu’une quête de justice. Ils affirment que cette décision porte atteinte aux fondements d’un véritable État de droit et jette une ombre sur l’indépendance de la justice guinéenne.
Malgré la sévérité de la condamnation, les avocats de Dr Diané ont annoncé leur intention de faire appel. Ils réaffirment leur engagement en faveur d’un procès juste et équitable, pour rétablir la confiance dans le système judiciaire.
Cette affaire, qui cristallise les tensions autour de la lutte contre la corruption en Guinée, soulève des interrogations sur la gestion des dossiers économiques et la volonté réelle des autorités de respecter les principes internationaux en matière de justice.