Maître David Béavogui, avocat au barreau de Guinée, a animé un point de presse dans la soirée du vendredi 13 juin 2025 à son cabinet situé à Dixinn Terrasse, dans la commune de Dixinn. Face aux journalistes, l’homme de droit a pris la parole pour dénoncer avec vigueur ce qu’il qualifie de « double expropriation » subie par ses clients, les héritiers de feu Soryba Soumah, dans une affaire foncière qui les oppose à l’État guinéen.
Le litige porte sur une parcelle située à Camayenne, dans la commune de Dixinn. Selon Maître Béavogui, feu Soryba Soumah, ancien compagnon de l’indépendance, avait acquis légalement cette parcelle avec ses fonds propres, avant d’en être exproprié une première fois pour des raisons d’utilité publique, précisément pour la construction de l’école primaire publique de Camayenne. En compensation, une autre parcelle lui avait été attribuée à proximité, là où se trouve aujourd’hui le siège de la CMIS n°1. « Il s’agit des héritiers de feu Soriba Soumah, un compagnon de l’indépendance qui, après avoir obtenu un fonds propre, a acheté une parcelle à Camayenne. Cette parcelle a fait l’objet d’expropriation parce qu’à l’époque il n’y avait pas d’école publique au quartier Camayenne. Alors, en l’expropriant pour cause d’utilité publique, l’État a pu construire l’école primaire de Camayenne. Entre temps, là où se trouve aujourd’hui la CMIS n°1 de Cameroun, cette même parcelle lui a été cédée par l’État. C’est-à-dire une sorte de recasement. »
Malgré tous les documents légaux détenus par feu Soryba Soumah, convention de vente, arrêté d’attribution, certificat de propriété et autorisation de construire que l’avocat a exposé au cours de ce point de presse, une nouvelle procédure judiciaire a été intentée contre lui par la société étatique SOGUICO. L’État a été débouté en appel, mais malgré cela, les héritiers n’ont jamais pu jouir paisiblement du bien. Le dossier a récemment connu un nouveau rebondissement avec l’intervention de l’Agence guinéenne pour le financement du logement (Aguifil), à qui l’État voulait à nouveau attribuer ladite parcelle. « Malgré l’existence de toutes les décisions judiciaires en sa faveur, et même le titre foncier sur les lieux en son nom, l’État veut attribuer la même parcelle à la société qu’on appelle l’Agence guinéenne pour le financement du logement. […] Quand cette dame a compris les dessous du problème, elle a estimé qu’elle ne pouvait pas faire de l’injustice à des orphelins. Elle a renoncé. […] Mais l’État, avec la patate chaude, récupère elle-même la même parcelle et étale le siège de la CMIS. »
Me Béavogui informe avoir obtenu une ordonnance d’arrêt des travaux de la part du premier président de la Cour d’appel de Conakry. Il affirme que l’État semble s’y conformer, mais que la libération effective des lieux reste problématique. Dans un ton ferme, il a lancé un appel à la conscience publique et aux autorités compétentes.
Maître Béavogui réclame non seulement l’exécution des décisions de justice, mais aussi la reconnaissance pleine et entière du droit de propriété des héritiers de feu Soryba Soumah. Il déplore que des orphelins soient ainsi privés de leur héritage, malgré les preuves juridiques solides à leur disposition. Pour lui, l’État doit incarner la justice, et non l’oppression. « Il doit plutôt contribuer à essuyer leurs larmes », conclut-il.
Souadou Bah pour regardguinee.org