Le ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD) a procédé, ce vendredi 14 mars 2025, à la restitution des résultats d’évaluation des partis politiques en Guinée. Cette cérémonie, qui s’est tenue dans un réceptif hôtelier de la capitale, a connu la présence des membres du gouvernement, des représentants des formations politiques ainsi que des diplomates accrédités en République de Guinée.
Lors de son intervention, le Général Ibrahima Kalil Condé, ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, a insisté sur l’importance de cette initiative. « En lançant cette évaluation, notre objectif est d’assainir et structurer l’espace politique guinéen pour garantir un fonctionnement transparent et équitable des partis politiques. La régulation des formations politiques est une condition indispensable à la stabilité et à la crédibilité de notre système démocratique. »
Le ministre a également détaillé les résultats de cette évaluation :
37 partis politiques n’ont pas encore été évalués,
67 formations sont sous observation,
54 partis ont été suspendus, faute de conformité aux exigences légales,
99 partis politiques ont satisfait aux conditions requises.
Ce processus rigoureux marque un tournant dans l’assainissement de l’espace politique guinéen.
Mme Djenab Camara, directrice nationale des affaires politiques et de l’administration électorale, a justifié la nécessité de cette démarche. « Il ne s’agit pas d’une chasse aux sorcières. Depuis trois ans, nous œuvrons pour assainir le paysage politique. À la prise du pouvoir, nous comptions 350 partis. Aujourd’hui, seuls 99 respectent les critères établis. »
Elle a notamment pointé du doigt le manque de renouvellement des instances dirigeantes de plusieurs partis. « Certains partis n’ont pas tenu de congrès depuis 10 ou 15 ans. Un parti politique n’est pas une entreprise privée, mais une association démocratique où l’alternance doit être respectée. Lorsqu’un leader reste en poste pendant 50 ans sans jamais céder sa place, c’est un signal clair qu’il ne pratiquera pas la démocratie une fois au pouvoir. »
Mme Camara Djenab Touré a insisté sur la nécessité d’un renouvellement interne régulier, en conformité avec les statuts et règlements en vigueur.
Cependant, tous ne partagent pas cet enthousiasme. Joachim Baba Millimouno, représentant de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), a exprimé ses réserves face aux résultats de l’évaluation. « Cette cérémonie n’avait pas forcément lieu d’être. Un simple rapport écrit aurait suffi. Pour ce qui concerne l’UFDG, nous avons respecté les critères demandés, mais nous sommes surpris par l’application d’une loi inexistante. »
Il a dénoncé l’usage d’un texte non encore promulgué. « La loi sur le financement public des partis politiques n’a jamais été publiée au Journal Officiel. Il est inacceptable d’évaluer les partis sur la base d’instruments juridiques non opposables. »
Malgré ces critiques, M. Millimouno a reconnu que son parti faisait partie des 24 formations politiques autorisées à exercer sur l’ensemble du territoire, sous réserve de l’organisation de leur congrès national, suspendu par la justice.
Fatimatou Diallo pour regardguinee.org